Bonjour Bihan,
Lorsque j'ai acheté mon voilier, le spi était neuf. Et pour cause, il n'a pas été taillé pour ce voilier spécifiquement. En effet, il provient d'un marchand qui, après fabrication de la voile, s'est retrouvé avec le spi sur les bras. L'acheteur concerné ne semble pas avoir donné signe de vie.
Ce spi n'étant pas dessiné spécifiquement pour l’Etap 22i, il n'empêche qu'il est tout à fait utilisable car il doit être proche des dimensions prévues pour celui-ci. L'utilisation d'un spi asymétrique est beaucoup plus simple que pour un spi symétrique. En effet, il n'est pas nécessaire de tangonner. Pour autant, ça nécessite malgré tout un minimum d'apprentissage, car cette voile très légère peut réserver quelques surprises.
Tout d'abord, le positionnement de la voile :
Le spi a été livré sans aucune notice ou information, et je ne savais pas vraiment comment le monter. Après quelques recherches sur Internet, j'ai eu confirmation que le bord le plus long devait se mettre au point d’amure tandis que le triangle chute/bord le plus court revenait sur l'arrière, sur les écoutes de génois. Dans le cas de l'Etap 22i, le point d'amure se situe au 7/8 du mât. Celui-ci étant placé légèrement au-dessus de la têtière de foc, il faut bien entendu prévoir de passer l'étai sur l'extérieur du bateau (Je n'ai pas de bout-dehors, mais une sous-barbe entre l'anneau de remorque et le davier).
Mes toutes premières expériences ont été malheureuses, dans la mesure où le foc était hissé trop raide et ne pourrait pas gonfler. Après quelques réglages, j'ai pu trouver le bon niveau de tension afin de laisser libre mouvement à cette voile. Une deuxième erreur que j'ai apprise à mes dépends est qu'un spi asymétrique ne s'utilise pas comme un spi symétrique : il ne s'agit pas de faire du vent arrière. Bien au contraire, cette voile permet de belles accélérations au portant, de travers voir même trois-quarts près.
En ce qui concerne les bras, ceux-ci sont renvoyés sur une poulie amovible que je fixe aux taquets arrières à bâbord et à tribord. Les bras reviennent donc sur le winch de foc, et sont donc tout à fait manoeuvrables lorsque l'on est à la barre.
Bien entendu, les changements de bord se font par empannage plutôt que par virement de bord. Avec un empannage en douceur et en laissant filer le bras puis en reprenant convenablement de l'autre côté, le changement de bord se fait très facilement, voire même artistiquement !
À la différence d'un spi symétrique qui nécessite un tanguons, des réglage fins, et beaucoup de vigilance lorsque l'on reste à la barre, il est possible (et je l'ai fait) de régler convenablement les bras, puis la barre, et de se laisser aller à une petite partie de pêche à la traîne. C'est une expérience vécue en baie de Quiberon, ou par une belle journée de navigation, et après avoir envoyé le spi, j'ai voulu compliquer la tâche en sortant une ligne de traîne puis une seconde. Bien entendu, tout cela en étant seul à bord. Ce fut un grand plaisir, et à aucun moment je ne me suis trouvé en difficulté. (Les 8 maquereaux peuvent le prouver !)
Que dire des performances par rapport Ă un foc ?
N'ayant pu, jusqu'à maintenant, ne faire que quelques essais par-ci par-là , parfois seul et parfois avec un équipage d'amateurs, il était difficile pour moi de comparer réellement les performances du spi par rapport au foc. Pour autant, j'ai toujours constaté, à chaque risée, que le bateau avait tendance à partir beaucoup plus vite sur l'eau, sans pour autant gîter plus que de nécessaires. Ceci ne m'a pas empêché de me faire quand même une frayeur, par vent de travers, lorsque celui-ci a forci et que j'ai flirté avec les 7 noeuds (pour 20 noeuds de vent ?).
En navigation normale, et à titre de comparaison, je pense qu'une voilure grand-voile plus foc permet de naviguer raisonnablement à 5 noeuds, tandis que la combinaison spi asymétrique plus grand-voile autorise assez facilement de monter à 6 noeuds.
En conclusion, et par petit temps, cette voile fait des merveilles. Je la recommande vivement, d'autant qu'elle est très facile à envoyer et à manoeuvrer même seul. (J'ai failli une fois coucher un voilier de 12 m avec un spi symétrique, cette expérience malheureuse m'avait empêché d'utiliser un foc à nouveau pendant plusieurs années

)
Je ne peux donc que la conseiller à mes amis navigateurs, d'autant plus que finalement, même quand le temps s'y prête, il n'y a pas tant que ça de voiliers à sortir ce type de voile. C'est donc avec une grande fierté que j'exhibe ce magnifique morceau de tissu, que je manie avec une aisance de grand plaisancier aguerri.
Romain