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 Sujet du message: Bateaux n° 303 - Essai Etap 20
MessagePubliĂ©: 30 Septembre 2009, 21:26 
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Inscrit le: 31 Août 2009, 19:37
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Bonjour,

J'ai retrouvé un article pas tout jeune ( :roll: ) dans le magazine Bateaux.
Il déroule un essai Etap 20 en Zélande.

Le fichier PDF est accessible ICI (5,6 Mo)

Je ferrai la retranscription texte dès que possible.

Bonne lecture,

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MOUZIG
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Ancien propriétaire d'un Etap 22i


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 Sujet du message: Re: Bateaux n° 303 - Essai Etap 20
MessagePubliĂ©: 05 Octobre 2009, 20:29 
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Inscrit le: 31 Août 2009, 19:37
Messages: 705
Localisation: Nantes
Et comme promis... la retranscription de cet excellent texte.

Bonne lecture ! :P



DECOUVERTE
Première étape: Willemstad. Une escale idéale pour se plonger d’entrée dans l’atmosphère du plat pays.

BALADE HOLLANDAISE
A cinq heures de route de Paris : la Zélande. Un bouquet de verdure et de poésie lacéré par l’Escaut et la mer du Nord. Un paradis pour un long week-end de croisière en « habitable-transportable ».

Mardi 21juin, midi : sous un ciel sans nuage, des trains de camions glissent sur l’autoroute de Rotterdam. Le diesel de la Peugeot ronronne joyeusement. Calme et docile, le voilier suit sans broncher à 100 km/h. Le Passage de la douane n’a pris que quelques minutes, et déjà apparaît la sortie vers Willemstad d’où un immense pont s’élance au-dessus de l’Escaut. Aussi à l’aise que sur l’autoroute, l’attelage négocie sans broncher les virages serrés qui, de digues en polders, permettent de gagner la petite marina de Numansdorp.
Moulins, herbe grasse, vaches opulentes myriades de cyclistes et petites maisons amoureusement décorées : tout y est. Une véritable image d’Epinal sous le soleil estival.

A la tension de l’autoroute succède une douce torpeur. Le bateau qui, depuis Paris, nous poursuit se fait peu à peu oublier. Le transport devient balade en voiture, et l’on se risque à embouquer les plus petites ruelles à la recherche de quelque estaminet, abondamment décoré de marines et autres maquettes de voiliers anciens. Souvenirs du temps où les Zélandais étaient encore des insulaires doublés de hardis navigateurs.
L’incroyable lutte contre la mer qui se poursuit encore aujourd’hui et vise à assécher 200 000 hectares à grand renfort de barrages a, en effet, déjà transformé ce groupe d’îles en une terre homogène sillonnée par quelques bras de mer et de fleuve. Les paysages changent et avec eux, bien sûr, les activités de la population, mais le Zélandais, comme d’ailleurs tout Néerlandais qui se respecte, reste un marin dans l’âme, et l’escale d’un bateau en plein bourg, le temps d’une bière, ne fait que réjouir le tavernier.

Les quelque quatre cents kilomètres qui séparent Paris de Numansdorp (30 km au sud de Rotterdam) ont été avalés en toute prudence en cinq heures. A l’arrivée, pas de fatigue, ni la moindre palpitation, mais tout simplement l’envie de mettre rapidement le bateau à l’eau pour enfin tirer quelques bords au coeur du plat pays.
Incontestablement, les progrès réalisés simultanément dans la construction des routes, des automobiles, des remorques et des bateaux transportables (voir notamment la quille rentrante de l’Etap 20) se conjuguent harmonieusement pour faire oublier les épisodes à la Dubout qui ponctuaient autrefois (il n’y a guère plus de dix ans) les vacances des « plaisanciers - routiers ».


Le St-Tropez batave
A Numansdorp, une large cale faiblement inclinée et facile d’accès nous tend les bras. Quelques minutes pour découvrir les nombreuses astuces qui, sur l’Etap 20, permettent de mâter en un rien de temps, et déjà le voilier glisse sur les rouleaux de la remorque articulée. La preuve est faite : deux personnes peu rodées à cette manoeuvre mettent le bateau en état de naviguer en moins d’une heure et il est même certain qu’un seul homme ne mettrait guère plus de temps Pour y parvenir en érigeant le mât, non pas à main nue, mais à l’aide d’une rallonge de drisse passée dans une poulie à la ferrure d’étrave par exemple.
Autre détail non négligeable : aucune des opérations de préparation du voilier et de mise à l’eau ne demande le moindre effort physique.

Cinq heures et quarante-cinq minutes après la Porte de la Chapelle (sortie nord de Paris), le voilier envoie son spi et glisse à quatre noeuds sur les eaux calmes de l’Escault oriental. Que demander de plus à un bateau transportable de vingt pieds ?
Quelques bords sous le soleil, histoire de contourner prudemment deux péniches empressées, et voici déjà Willemstad, le St-Tropez batave, un petit bassin au coeur d’une ville proprette, bordé de restaurants, tous aussi discrets qu’alléchants, le tout dominé par un immense et vénérable moulin à blé. L’ambiance est calme et reposante. Sur le quai, cyclistes et piétons déambulent en devisant, tandis que d’une dizaine de voiliers blottis au pied du moulin montent les fumets les plus variés. 18 h, c’est l’heure du dîner.
Ce matin Paris, et ce soir déjà le dépaysement au coeur d’une région fascinante à la population si calme et si différente. Le Hollandais se caractérise incontestablement par son sens des convenances et ses égards pour autrui, ce qui n’exclut pas, loin de là, une atmosphère de cordialité presque bon enfant. Le Zélandais ajoute pour sa part à ce tempérament agréable un goût très prononcé pour la mer, la navigation et, bien sûr, les bateaux que l’on compte par milliers.
La plaisance est reine dans cette région où l’on ne trouve pas moins de quinze ports de plaisance et une vingtaine de cales de mise à l’eau Les voiliers, pour la plupart hollandais et belges, sont de tous types et de toutes tailles mais, tradition oblige, le coeur du Zélandais appartient aux célèbres Hoogaars de l’île de Tholen dont certaines unités construites en chêne massif amoureusement verni ont plus de cent ans. Plus petits, et surtout de construction plus récente, mais toujours caractérisés par leurs dérives latérales et l’étrave « spatulée », les « plat Bodem » sont encore légion sur les eaux de l’Escaut.


Tout pour la plaisance
Dès la sortie de Willemstad se présentent à l’ouest les quatre immenses écluses, trois pour les bateaux de commerce et une pour la plaisance, qui permettent de franchir le barrage du Delta. Ultramoderne et spécialement aménagée pour nos petites unités, cette installation montre une fois de plus que, pour le Néerlandais, le plaisancier est considéré comme un navigateur à part entière et peut prétendre à des aménagements spécialement adaptés à son embarcation.
Au-delà de ce barrage, il convient de sortir l’annuaire des marées, car le courant qui serpente autour des îles est suffisamment fort pour stopper net la progression d’un voilier. En revanche, si l’on a pris soin de sortir avec le jusant, balises et prairies défilent gaiement à l’ombre du spinnaker. Une certaine prudence s’impose toutefois car les énormes péniches qui remontent ce chenal jusqu’à Rotterdam sont extrêmement rapides et visiblement peu enclines à modifier leur route. Cela dit, la navigation proprement dite est grandement simplifiée dans les chenaux bien délimités par des bouées numérotées qui figurent, visibles et en bonne place, sur les cartes du service hydrographique néerlandais.
Il est parfois possible pour un petit voilier transportable comme l’Etap 20 de s’aventurer hors du chenal, mais gare aux vasières et à la tentation d’exploiter la quille mobile qui, trop remontée, ne permet plus au bateau de manoeuvrer correctement.

A rapproche de l’île de Duiveland, le chenal s’infléchit vers le sud et, surtout, rétrécit considérablement, d’où un courant de 4 à 5 noeuds qui rend délicat l’accès aux marinas de Vluchthaven et Veerhaven mais raccourcit considérablement la route vers la petite ville beaucoup plus intéressante de Zierikzee. Dernier obstacle avant cette étape très touristique : franchir l’immense pont de cinq kilomètres qui relie les îles Beveland et Duiveland. A vrai dire, il s’agit plus d’un jeu d’adresse que d’un obstacle. Il faut, en effet, composer avec un courant qui n’est pas perpendiculaire au pont et un vent souvent perturbé par l’édifice.
A Plusieurs milles au nord apparaît soudain l’immense et massive tour gothique de la cathédrale Sint Lievens qui domine la ville de Zierikzee, ancienne résidence des comtes de Zélande qui, plus qu’aucune autre ville des Pays-Bas, a conservé ses décors du Moyen Age et du XVIe siècle.

Poussée par la faible brise du soir, le voilier embouque sous voiles l’étroit chenal qui conduit au coeur de la ville où bateaux de pêche et de plaisance s’entassent le long des quais d’un large bassin.
Le voilier une fois amarré à couple d’un Tjalk, version géante et ancestrale des bateaux traditionnels hollandais, l’équipage se lance à la découverte des ruelles étroites pavées de cailloutis, des canaux bordés de maisons aux pignons variés, non sans avoir, au préalable, réglé 5 florins (13 francs) au capitaine du port, pour une nuit à quai.
A ce sujet, il convient d’admirer la rigueur de nos voisins d’outre-Belgique auxquels l’entrée d’un bateau, si petit soit-il, n’échappe jamais... Le prix des ports ordinaires comme Willemstad et Zierikzee demeure très abordable, mais les marinas qui offrent toutes les commodités aux plaisanciers sont, en général, deux à trois fois plus chères.


Des voiles dans la prairie
Après 25 milles d’une agréable navigation sur les eaux peu agitées de l’Escault, pourquoi ne pas se rendre par la route jusqu’au lac Verse Meer, ancien bras de mer artificiellement enfermé entre deux îles du Beveland ? Une occasion pour l’habitable-transportable de montrer qu’il est suffisamment manipulable pour permettre de visiter ainsi un pays par petites portions.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Après une agréable nuit sur les moelleuses couchettes de l’Etap 20, l’équipage frais et dispos hisse les voiles pour une traversée de deux milles jusqu’à la Marina de Colijnsplaat où l’attend un plan incliné fort bien indiqué sur les cartes du Syndicat d’initiative.
Une heure de car pour récupérer la voiture et la remorque (le bateau transportable qui pourrait contenir ces deux accessoires n’est pas encore inventé) et, en moins d’une heure, le voilier est démâté puis chargé sur sa remorque sans le moindre problème. Cinquante minutes plus tard, il se balance gentiment à son anneau au port de Kortgene, prêt à appareiller.

Dès la sortie de cette marina ultramoderne qui, sur les plans du standing et de la fréquentation, n’a rien envier à nos réalisations de la Côte d’Azur, le Verse Meer apparaît comme un haut lieu de la plaisance. Voiliers de toutes tailles (du Swan au dériveur) et planches à voile sillonnent à perte de vue ce plan d’eau calme et bien venté, bordé de plages, d’opulentes prairies et de petits bois. Il est étonnant de voir, de loin, autant de voiles et de spis se déplacer dans la campagne parmi les vaches, l’herbe tendre et les blés mûrs... Des régates spontanées s’organisent entre les perches qui délimitent près du chenal les zones de hauts-fonds. Tout ici invite à la voile pure, ou à poser l’étrave dans l’herbe d’un îlot (la quille de l’Etap le permet) pour découvrir les mille variétés d’oiseaux qui peuplent cette nature protégée.
La preuve est faite, la croisière à l’étranger en « habitable transportable » n’est plus un travail de déménageur. Elle est même devenue, grâce aux bateaux, remorques et voitures actuels un véritable plaisir qu’aucune manutention pénible ne vient perturber. Une famille de deux adultes et de deux enfants peut découvrir sous voiles et à moindres frais les charmes de la Hollande, et l’on en vient tout naturellement à rêver de la Grèce, de l’Italie, de la Yougoslavie ou de l’Ecosse pour les prochaines grandes vacances...


Macadam skipper !
S’effectuant sans problème avec du bon matériel et quelques précautions, le transport routier d’un bateau s’accommode mal de l’improvisation. Premier point clé : la voiture.
L’augmentation de puissance facilite le remorquage en améliorant la capacité de traction, mais aussi, grâce à un poids et une tenue de route supérieurs du véhicule, en favorisant la sécurité de l’ensemble, particulièrement au freinage. Une voiture de 7 CV, par exemple, semble constituer le minimum pour remorquer dans de bonnes conditions un Micro. La Peugeot 505 SRD avec laquelle nous avons effectué ce voyage en Hollande s’est avérée très agréable pour tirer les 680 kg (sans compter le matériel embarqué) de l’Etap 20. La route a été avalée à bonne allure (environ 100 km/h), tout en restant en deçà des possibilités du véhicule et en gardant de bonnes ressources sous le pied. Grâce au régime moteur modéré, cette allure permet de garder une consommation raisonnable de gazole (moins de 10 l aux 100 km).

La remorque utilisée pour cet essai était un modèle à un essieu et 1 000 kg de charge utile, ce qui correspond fort bien au bateau tracté. Ce type de remorque légère et maniable est très pratique pour les manoeuvres un peu serrées dans les ports ou les parkings. Côté mise à l’eau, le timon basculant combiné avec le treuil a donné toutes satisfactions, à la descente comme à la montée. Le tout sans avoir besoin de descendre exagérément la remorque sur le plan incliné. Il suffit que les pneus touchent l’eau. On évite ainsi d’immerger les roulements.
Le démontage de la plaque électrique à l’arrière est, en revanche, obligatoire. Il suffit de quelques minutes pour réaliser l’opération grâce à une fixation rationnelle par écrous papillons. Par ailleurs, le bateau étant bien maintenu par son câble sur un solide anneau d’étrave, il n’est pas nécessaire de multiplier les sang1es. Une seule bien serrée à hauteur de l’essieu suffit amplement. Les sangles les plus pratiques sont celles équipées d’un système de serrage par ferrure à cliquet.
La bonne disposition des galets de soutien alliée à la sérieuse rigidité de coque de l’Etap ne provoque aucune moindre déformation pendant le transport.

Avant de rouler, mieux vaut saisir tous les objets lourds susceptibles de bouger. Notons à ce propos la cale qui permet, sur l’Etap 20, de bloquer le moteur hors bord à l’intérieur du volumineux coffre arrière.
Si l’on part pour une longue route, il n’est pas inutile de fixer soigneusement toutes les drisses et les haubans le long du mât. Le plus efficace, mais aussi le plus long à défaire, reste le ruban adhésif. Côté voiture, les rétroviseurs extérieurs revêtent une importance primordiale quand il s’agit de remorquer un bateau sensiblement plus large que la voiture.
Enfin, pour ce qui concerne le choix de l’itinéraire, il parait préférable d’opter pour l’autoroute aussi souvent que cela est possible. Elle permet d’éviter les traversées tortueuses d’agglomérations, les coups de freins brutaux aux carrefours et, notamment en Belgique et en Hollande, les vibrations dues aux pavés des pittoresques ruelles...


Etap 20 : le petit malin
Pour tirer des bords au pied des moulins ou se faufiler le long des rives du Verse Meer, rien ne vaut le petit croiseur côtier; un de ces familiers de l’estran comme l’Etap 20, qui semble bien taillé pour ce type d’exploration.
L’indiscipline serait-elle un privilège accordé aux petits bateaux ? Voilà en tout cas une impression qui n’a rien de désagréable lorsque, installé à la barre d’un voilier de six mètres, l’envie vous prend de sortir des sentiers battus. Les gros peuvent toujours se disputer le maigre espace libre au milieu du chenal, la route est plus courte et tranquille au ras du rivage, à travers les perches indiquant les hauts-fonds.
Bien sûr, l’allure se ralentit parfois, la quille de notre Etap 20 commençant à tracer un sillon dans le fond de sable tendre... Pas de quoi se mettre en émoi ! Quelques tours de manivelle pour effacer partiellement la quille rétractable, et l’Etap a repris sa vitesse de croisière. S’il y a vraiment très peu d’eau, un peu de mou dans le bout de commande du safran permettra à ce dernier de pivoter pour réduire encore le tirant d’eau. Attention tout de même à ne pas demander l’impossible : en dessous de 50 cm d’eau, la navigation risque de devenir franchement statique !
Cette liberté de manoeuvre due à a taille et aux différentes caractéristiques du bateau restera incontestablement l’un des points clés de ce périple en Zélande. Une telle région est certes accessible aux plus grosses unités (il n’est pas rare de croiser des voiliers de plus de quinze mètres à quille fixe), mais un petit habitable bien conçu profite là de sérieux avantages. La maniabilité d’un voilier de faible déplacement (l’Etap 20 lège pèse 680 kg) et la possibilité d’ajuster son tirant d’eau ouvrent en effet la voie à une navigation plus décontractée.

Ainsi, nous n’aurions jamais pris avec un gros quillard la liberté de remonter sous voiles jusqu’au coeur de la vieille ville de Zierikzee ; une promenade pittoresque que nous avons pu nous offrir sans arrière-pensée avec l’Etap 20. L’évolution sous voiles est en effet suffisante pour manoeuvrer dans un espace restreint et la taille réduite des voiles permet de virer de bord sans effort ou de tout affaler en un clin d’oeil. Une zone de déventement à l’abri d’un groupe de maisons ? Il suffit de godiller un peu avec le safran pour continuer sa route. Dans le pire des cas, un bateau de ce poids n’est pas difficile à déhaler le long d’un quai ou à stopper en arrivant au ponton.

Quant aux problèmes de tirant d’eau, les fonds de vase du chenal de Zierikzee ont fait ample connaissance avec la quille de l’Etap... Nous avons ainsi pu vérifier l’aptitude de ce dernier à se tirer de la situation la plus délicate en théorie : se déséchouer en partant face au vent. Il s’agit en effet de concilier là deux nécessités contradictoires : diminuer le tirant d’eau pour se dégager du banc et garder suffisamment de plan de dérive pour gagner au vent.
Force est de reconnaître que l’Etap 20 s’en sort à son avantage puisqu’il s’est montré capable de monter au vent en tirant des petits bords de moins de 20 mètres (étroitesse du canal oblige !) avec sa quille relevée aux deux tiers.
Inutile de préciser que l’équipage gagnera à redescendre la quille aussitôt que possible pour améliorer le cap ! La raideur à la toile, en revanche, n’est guère affectée de ces déplacements de lest. Quelques bords de largue très serré sous spi, quille relevée, nous ont permis de vérifier que le bateau garde ainsi une forte stabilité. Il faut dire que cette configuration de lest avec un bulbe volumineux qui reste toujours sous la coque permet de conserver un centre de gravité assez bas. La réalisation du système de relevage par vis sans fin est sérieuse et garantit un fonctionnement facile. Bien guidée dans son puits, la quille en fonte ne montre pas de jeu désagréable.


Fonctionnel avant tout
Le choix du lest est d’ailleurs typique des idées qui ont présidé à la conception de l’Etap 20 : faire un bateau fonctionnel qu puisse être mis entre toutes les mains. Le parti pris est ainsi celui du raisonnable dans tous les secteurs, la tranquillité et l’agrément en balade ou en croisière prenant le pas sur la performance pure. Ce souci de fiabilité se traduit par une grande largeur de flottaison assurant une forte stabilité et par une surface de voilure relativement modérée. En toutes circonstances, cette stabilité se révélera fort agréable, permettant en particulier de circuler sous le vent sans perturber anormalement l’équilibre.

Et la vivacité sous voiles ? Voici justement trois voiliers hollandais d’un peu plus de sept mètres qui marchent au près dans la même direction. Malgré le clapot levé dans l’embouchure de l’Escaut par un vent de force 3, notre petit bateau reste maître du plan d’eau ; faisant plus de cap et de vitesse que ses lièvres de fortune, il fait preuve d’une belle vélocité sous des dehors tranquilles. Une succession de virements, de bord pour passer le pont de Zeelandbrug confirme d’ailleurs la bonne volonté de l’Etap 20 au près serré : moins de 80° en moyenne du bord sur l’autre.
Le tout dans une ambiance décontractée puisque le barreur est confortablement assis sur la banquette intérieure du cockpit tandis que son compagnon se trouve souvent dans la cabine - et pas toujours du côté au vent ! - pour préparer le casse-croûte ou consulter la carte. La vaste descente facilite le passage d’un niveau à l’autre et nous nous sommes définitivement convertis au charme de la capote (en option) qui abrite l’entrée. Astucieusement coupé, cet accessoire permet d’effectuer toutes les manoeuvres courantes sans quitter l’abri de la cabine : maniement des écoutes de foc, prise de ris, réglage des drisses se font ainsi depuis la descente. Pour couronner le tout, cette capote ne gêne pas l’accès au pont dégagé dont on apprécie le revêtement en Treadmaster.

Un agrément supplémentaire de cet abri de descente va se révéler un peu plus tard lors de l’arrivée sur Zierikzee. Tandis que l’orage gronde et que la pluie se met à tomber, le barreur se réfugie stick en main sous la capote qui devient alors une fort convenable timonerie intérieure ! Ce qui prouve que la navigation sans ciré est également possible sur les petits bateaux...
Une véritable allonge de barre faciliterait d’ailleurs la conduite du bateau dans ces conditions.

Au fil des manoeuvres, nous n’aurons qu’à nous féliciter de l’efficacité de l’accastillage, et en particulier des nombreuses astuces mises au point par le constructeur. Ainsi, le stick télescopique permettant de bloquer instantanément la barre à l’angle voulu est un modèle d’ingéniosité. La stabilité de route de l’Etap 20 aidant, le barreur peut souvent se consacrer à autre chose, laissant le bateau se débrouiller seul pour suivre le cap.
Qu’il ne s’avise pas, en revanche, de lâcher la barre en route sans la bloquer car, comme sur tous les petits voiliers sur lesquels le safran représente une surface importante par rapport au plan de dérive total, le gouvernail ne peut guère tenir seul dans l’axe et le bateau embarde aussitôt.


Vivre Ă  bord
De taille modérée par définition, le croiseur transportable n’offre évidemment qu’un volume habitable très mesuré. L’organisation de la vie à bord est dominée par cette caractéristique et réclame d’attacher davantage d’importance à l’ordre. Dans cet espace où il n’y a pas pléthore de banquettes et de placards, chaque chose doit rester à sa place.
Emménager à bord de l’Etap 20 n’a en tous cas rien de rebutant. L’intérieur est clair, très net, grâce au contre-moulage, et même gai. N’y cherchez pas de coffre pour ranger de grands sacs, les dessous des couchettes sont remplis de mousse pour l’insubmersibilité. Certes une perte d’espace, mais un atout de taille pour la sécurité, qui évite par ailleurs l’encombrant radeau de survie.

Avec deux personnes à bord, la question se résout aisément en installant les sacs sur les couchettes inoccupées. Avec un équipage plus nombreux, il faudra prévoir une technique plus élaborée avec migration des sacs au coucher et au lever du soleil... De toute façon, mieux vaut éviter de se lancer en croisière à quatre adultes sur un voilier de six mètres.
Côté confort, les avis sont partagés : excellente nuit pour l’équipier d’avant qui profite d’une superbe couchette en avant de la quille. Moins d’enthousiasme chez l’occupant d’une des banquettes arrière qui se révèlent un peu étroites. Pas de problème, en revanche, pour caser lunettes, portefeuilles et autres accessoires grâce à la longue étagère qui fait dossier de chaque côté et aux filets astucieusement placés sur les parois. Quelques équipets permettent de caser le ravitaillement et le matériel de navigation. A noter le grand espace sous le cockpit pour ranger des objets volumineux. Le constructeur a même prévu un emplacement pratique réservé aux encombrants panneaux de descente.

Pour les journées maussades, nous avons essayé un second élément de capote qui permet, uniquement au mouillage, de fermer totalement le cockpit, pour un déjeuner à l’abri par exemple. Un moyen intéressant de gagner du volume sur un croiseur côtier.


Du plan d’eau à la route en moins d’une heure
Envie de changer d’horizon ? Rien de plus simple avec un transportable digne de ce nom. Après avoir sillonné de long en large une zone de navigation, il n’y a aucune raison de se priver d’en découvrir une autre plus lointaine… sans pour autant sacrifier au fastidieux convoyage intermédiaire. Retour donc à la « cale départ » où attendent voiture et remorque. Un dernier bord de largue, histoire de vérifier que le petit spi (22 m²) tire bien le bateau tout en restant d’une remarquable facilité de maniement ; puis quelques bords sous grand-voile seule, virements sans problèmes dans ces conditions. La cale approche. La voile est affalée et le chronomètre mis en route.
Moins d’une heure plus tard, l’Etap est sanglé sur sa remorque, démâté, rangé et prêt à continuer sa croisière par la route. Il faut dire que tout est fait sur ce bateau pour simplifier la manœuvre. A commencer par l’articulation du pied de mât qui permet de démâter sans effort, en quelques instants en laissant tout le haubannage en place, à l’exception de l’étai avant qui dispose d’un levier de décrochage rapide.

La suite des opérations est à ta hauteur du début, sur le plan de l’ingéniosité : pas besoin d’amarrage complexe pour le mât, qu’il suffit d’emboîter dans l’encoche du balcon avant et de bloquer dans son embase au moyen de goupilles. II faut juste au préalable retirer la bôme et laisser suffisamment de mou aux drisses pour qu’elles ne gênent pas le déplacement du mât.
En approchant du plan incliné, le relevage de la quille laisse planer un léger suspense. A quelle hauteur se trouve-t-elle? Réfléchissons bien, sachant que chaque tour de manivelle la déplace verticalement de 4 mm, et que nous venons de faire 40 tours vers le bas après en avoir fait 80 vers le haut... On finit toujours par s’y retrouver en allant à fond dans un sens ou dans l’autre, mais ce n’est pas très rationnel. Ni rapide ! Un système de visualisation du relevage de quille constituerait sans doute l’ultime amélioration à apporter à ce petit habitable qui ne compte guère de défauts.
A condition de ne pas oublier de relever complètement la quille (une nette résistance sur la manivelle avertit qu’elle est à bloc), la sortie de l’eau se fait sans difficulté avec notre remorque à timon articulé. Une fois la quille légèrement descendue de façon qu’elle repose sur la remorque, il ne reste plus qu’à passer les sangles et à brancher l’électricité.
Destination suivante : un autre plan d’eau où, l’entraînement aidant, if suffira d’une demi-heure de manipulation pour retrouver l’élément liquide et tirer à nouveau sur les écoutes.

Emmanuel DE TOMAS
Olivier LE CARRER



Renseignements pratiques
Pour gagner la Zélande le plus directement au départ de Paris, prendre l’autoroute du Nord vers Lille puis la direction de Bruges et de Breskens d’où un car-ferry conduit à Vlissingen en moins de vingt minutes. De là, il ne reste qu’une vingtaine de kilomètres pour se trouver à pied d’oeuvre sur le Verse Meer. Tous les syndicats d’initiative distribuent à l’usage des plaisanciers des dépliants et des cartes donnant l’emplacement des plans inclinés, marinas, ports et zones de baignade autorisée.
Au Français, les prix peuvent paraître élevés. Voici quelques exemples : une nuit au port de Zierikzee pour bateau de 6m : 18 F ; un menu « de base » dans un restaurant « correct » : 90F ; un ravitaillement succinct pour une journée de navigation (2 personnes) avec jambon, pâté, pain, biscuits, eau minérale et bière : 65 F.
Prix d’un litre de gazole 2,95 F (1,08 F à la « pompe blanche », pompe sans marque que l’on ne trouve malheureusement pas partout…).

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MOUZIG
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